Stéphane Meyer

Je suis curieux à tous les sens du mot, petit-fils de vigneron j’interrogeais mon père sur les questions d’astrophysique, ce qui régla ma vision à l’infini des possibles, tandis que j’aidais à la distillation des marcs dans l’alambic familial dès l’âge de 12 ans. Puis réfractaire aux idées préfabriquées, je suis dans les années 80, au contact du savoir du botaniste Gérard Ducerf et du vigneron Pierre Overnoy. De ses discussions, je fus conforté dans la nécessité d’une renaissance pour les égards dus au règne végétal. Je sillonne les routes d’Europe, en rapportant les richesses négligées par une tradition culinaire bien jeune à l’échelle du monde, et poursuis les recherches spiritueuses qui me menèrent à devenir pour beaucoup le Druide de Paris.

Je n’abrite pas un, mais plusieurs savoir-faire qui reposent entre mes mains. La cueillette, le séchage, la préparation de mes plantes, leur macération puis distillation font l’objet d’un soin hérité du respect ancestral pour le végétal. Je récolte dans les massifs français et partout dans le monde dans les lieux les plus sauvages, les ingrédients de mes crus leur rendent un hommage liquide. Ici, les racines et les tiges ont leur mot à dire, les fleurs, feuilles et graines, leur partition aromatique à jouer ; mes recettes sont le fruit d’expérimentations parfois longues de dix ans.
mes spiritueux concentrent mon expertise sur la quintessence d’une palette intimiste. Sous le sceau du secret, mon approche de la distillation exalte l’orgue des parfums et ouvre une succession de fenêtres gustatives, dans laquelle chaque note se détache pour montrer son panache, puis flatter tour à tour le nez et la bouche. À cette netteté s’ajoute une douce illusion que d’aucuns attribuent volontiers à la magie : la sensation d’un sucre dont le breuvage est pourtant dénué mais non moins soyeux.

Parce que nul ne saurait dompter la foudre, et que l’on ne commande pas à l’esprit sauvage, mon histoire m’est dictée dans une langue qui ne s’invente pas. En quelques gouttes, les murs et les toits s’évanouissent pour laisser place à ce trait d’union entre la Nature et l’Homme ; seul demeure le massif, et son tempérament qu’aucune chimie ne force ni ne réprime.
De saison en saison, d’un rayon de soleil à la rosée matinale, de la brise légère au vent cinglant, mes spiritueux reflètent l’écrin de leur environnement et captent la mémoire de leur antre : chacune des plantes cueillies pousse là où était sa véritable raison d’être.
Les plantes réunies par mes recettes forment un socle de coutumes anciennes. J’invoque les vertus que le quotidien arrache ou foule au pied par oublieuse habitude. Il m’incombe donc de repérer les sols où croissent les spécimens utiles à mon « art », en veillant à ma symbiose avec la flore.
De celle-ci découlent certaines propriétés parmi les plus inattendues de mes spiritueux, et qu’il vous appartient désormais de découvrir.